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La vie en vrai
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14 juillet 2009

Chapitre 2 : Laissez passer la pauvre aveugle !

Le lendemain matin était plutôt dur, il fallait que je me prépare psychologiquement pour trois choses :

  • Premièrement, Seth allait me coller pour la journée ;

  • Deuxièmement, il fallait que je m’habitue à ne rien voir ;

  • Troisièmement, il fallait que je me trouve un petit ami, ce qui n’allait pas être aisé.

Tout cela rendais ma vie jusqu ‘alors banale et bien rangée en quelque chose de vraiment bordélique, un vrai bazar, mais là je ne pouvais plus me plaindre du fait que rien n’arrivait dans ma vie.

  • Chérie ! m’appela ma mère à l’autre bout de la maison.

  • Oui !

  • Il y a quelqu’un pour toi !

Pour moi ? A cette heure ? Qui ça pouvait bien être, un jour d’école en plus. Je me dépêchai de sortir de la salle de bain, enfin à la vitesse d’une aveugle, j’avais encore les cheveux mouillés.

  • Salut ! lança alors une voix que je reconnus tout de suite.

  • Seth !? m’exclamai-je.

  • Eh bien, tu as l’air contente de me voir. dit-il sur un ton enjoué.

Je ne répondis pas, le silence est parfois un moyen bien plus pratique de montrer ses sentiments.

  • Je te l’avais bien dis. déclara-t-il soudain et je crus entendre un rire.

  • Oui, mais je ne pensais pas que tu irais jusqu’à venir me chercher chez moi. répliquai-je.

  • Je ne fais pas les choses à moitié, moi, c’est tout ou rien.

  • Ravie de l’apprendre. Bon, maman on se voit ce soir !

Et je pris mes affaires au vol, enfin à tâtons. Seth, aujourd’hui ne me prit pas dans ses bras dieu merci, mais il me prit par le bras. Ce qui je vous laisse imaginer a provoqué des quiproquos au sein du lycée, des filles apparemment maintenant m’en veulent, elles m’ont prises pour la copine de Seth, ce qui n’est pas bon pour moi si il faut que je me trouve un petit ami, bon heureusement mes amies, elles, ont compris.

  • Donc, c’est bon vous ne m’en voulez pas les filles ? demandai-je.

  • Bien sûr que non, pourquoi on t’en voudrait ? Ce n’est quand même pas ta faute si tu t’es faites renversée par quelqu’un à vélo et que tu n’y vois plus rien maintenant. avança Nicole.

  • Et puis c’est normal que cette personne te suive partout pour garantir ta sécurité et se racheter. renchérit Caleigh.

J’entendis derrière moi quelqu’un tousser d’embarras.

  • C’est bon, t’inquiètes Seth. dis-je pour le rassurer.

  • Mais dis-moi, ça ne pose pas de problème à ton frère d’être dans la même classe que toi ou que toi tu te retrouves dans sa classe? demanda Caleigh.

  • Eh bien, de toute façon il n’a pas le choix, et puis je suivrai Ellen le temps qu’elle retrouve la vue. répondit Seth.

  • Oui, je trouve ça bien que tu sois dévoué à Ellen mais ça aurait pu provoquer des disputes…enfin vous vous entendez bien tous les deux ?

  • Mais c’est quoi cette histoire de frère ? demandai-je complètement perdue.

  • Tu n’es pas au courant que Seth est le grand frère de Pete?

Soudain le sol se déroba sous mes pieds, quoi !? Seth le grand frère du garçon qui depuis la sixième je…j’en reviens pas ! Mais comment ça peut m’arriver ? Je suis décidément maudite, si j’avais eu mes yeux décidément j’aurais sans doute vu tout de suite la ressemblance et j’aurais fait le lien, mais voilà le sort m’en veut je me retrouve aveugle avec le frère de celui qui, il n’y a pas si longtemps…non, non, non, arrête ça ma fille, arrête tu vas te rendre malade !

  • Ellen ?! Ellen ?! Qu’est-ce qui t’arrive tu ne te sens pas bien ?! s’alarmèrent les filles.

  • Regarde comme elle est devenue pâle ! s’exclama Nicole.

  • Je pense que c’est l’un des contre coups de l’accident. dit alors Seth en me tenant par les épaules.

  • Le cours va commencer dans 2 minutes, viens Nicole on va prévenir le prof qu’elle va à l’infirmerie. déclara Caleigh.

Et je m’écroulai, mais je sentis Seth me retenir.

  • Qu’est-ce qu’il lui arrive? demanda une voix que je reconnus pour l’avoir longtemps écouté.

  • Elle a perdu connaissance, je pense que c’est dû au choc d’hier. Tu sais je t’ai dit hier que le médecin nous avais prévenu que ça pourrait arriver, beh pas loupé.

  • Oh ! Tu veux que je t’aide à la porter? demanda la voix.

  • Euh…si ça ne te dérange pas le temps que je trouve l’infirmière pour qu’elle vienne, tu sais qu’elle n’est jamais à l’infirmerie, il faut dire qu’elle n’a pas souvent besoin d’y être.

  • Oui, pas de problème. Donne-la moi.

Oh là, là, je vais me faire porter par…non, ne pas y penser, ne pas y penser.

  • C’est bon ? Tu la tiens bien, hein ? demanda Seth.

  • Mais oui, c’est bon, en plus elle est légère.

Il a la même odeur que son frère, c’est pour ça que lorsqu’il m’a emmené à l’hôpital l’odeur de Seth me disait quelque chose.

  • Hey ! Pete surtout sois sage avec elle. insista Seth.

  • Mais qu’est-ce qui se passe Seth ? Je te trouve vachement protecteur envers elle. répondit Pete avec un ton que je ne lui avais jamais entendu.

  • Je suis responsable d’elle, je te rappelle que c’est de ma faute si maintenant elle ne voit plus et qu’elle vient de perdre connaissance.

  • Mais arrête Seth ! Arrête de te culpabiliser pour tout ! s’emporta Pete.

  • Seth, ton frère a raison. réussis-je à prononcer en revenant à moi.

  • Ellen ? Est-ce que ça va ? demanda Seth.

  • Oui…est-ce que ton frère pourrait me reposer à terre, s’il te plaît?

Et Pete s’exécuta, mais à peine j’avais touché le sol que je m’effondrai à nouveau, des bras me rattrapèrent juste à temps, me soulevèrent plus haut que précédemment et me serraient fermement, je devinai que c’était Seth qui m’avait rattrapé.

  • Pete, tu ne sais pas qu’il ne faut pas l’écouter, elle n’en fait qu’à sa tête ! s’écria-t-il sur son frère et il resserra son étreinte.

  • Hé ! Je suis aveugle mais pas sourde ! Et puis tu n’es pas obligé de m’étouffer au passage !

  • Toutes mes excuses. répondit-il simplement.

  • Bon ben je te laisse te débrouiller tout seul frangin, tu as l’air de mieux t’en sortir que moi. déclara Pete avant de s’éloigner.

Je n’ai pas tout compris mais ils ne se sont quand même pas disputés là ?

  • Seth, c’est bon. Tu peux me lâcher, je vais mieux.

  • Tu es vraiment têtue, toi. dit-il alors avec une voix…une voix irrésistible.

  • Oui et fière de l’être, non mais plus sérieusement ça va mieux, c’est vrai. dis-je en souriant pour le rassurer.

  • Bon.

Alors il me posa par terre et me dirigea vers la salle de cours, on frappa et le prof nous fit rentrer. Lorsque je fus rendu à ma place j’entendis plein de chuchotements et je percevais des « la pauvre, devenir aveugle », « il doit en avoir trop marre de la suivre comme un petit toutou » et encore des « la pauvre petite aveugle ». Je n’étais pas habituée à ce que les gens parlent de moi, ou du moins ils devaient être plus discrets d’habitude. Seth avait demandé à être à côté de moi en classe pour pouvoir veiller sur moi, chose inutile encore une fois, si, juste à me foutre la honte et à confirmer ce que tout le monde pense.

  • Seth, il faut que tu arrêtes ça. soufflai-je. Je n’ai pas besoin de toi à côté de moi en classe.

  • Dis plutôt que ça t’embête pour trouver un petit ami après. répondit-il avec un sourire entendu.

  • Oh ! Arrête avec ça aussi, ne me dis pas que tu fais tout ça pour gagner ton stupide pari !

  • Eh bien, je t’avoue que ça serait tentant.

  • Et puis tu as promis de me laisser si je gagne ce foutu pari. lui rappelai-je.

C’est alors que le prof interrogea Seth.

  • 1936. répondit-il.

  • Très bien. déclara le prof un peu déçu qu’il ait pu répondre.

A ce moment-là je me demandai s’il réussissait à suivre et notre conversation et le cours en même temps ou si tout simplement notre conversation l’ennuyait. Je me tus donc pendant tout le reste du cours. Durant la récré je ne réussis pas à dire un mot à Seth, comme si je…comme si je me bloquais devant lui. Mais, pourquoi ? Pourquoi maintenant et pas avant ? Rien n’avait changé pourtant. Etrangement cette situation me contraria.

  • Ellen ? Qu’est-ce que tu as ? me demanda-t-il.

  • Heu…rien.

  • Ah bon. Tu es toute bizarre pourtant depuis tout à l’heure. dit-il alors.

  • Moi ? Mais non, pourquoi ?

Je commençais à céder à la panique, je préférais alors me taire.

  • Depuis tout à l’heure tu ne dis plus rien, ça m’inquiète. répondit-il.

  • Je n’ai rien dire, voilà tout.

Je comprenais à présent ce qui m’arrivait, je réagissais devant lui comme je le faisais avec tout le monde, je crois que les seules personnes avec je suis moi-même sont mes amies et elles ne me connaissent vraiment que depuis peu. Je crois que j’ai un problème avec mon image, notre génération est superficielle, elle se forge une opinion sur l’image des gens sans même les connaître, leur réputation enfin bref que des choses futiles, j’en ai conscience et c’est cela qui me bloque, les gens jugent sur l’apparence et non sur la personne et une fois qu’ils ont des préjugés… Mon problème c’est ça, la peur des moqueries, pourtant je devrais passer au-dessus de tout ça. Je sais que je n’ai rien d’exceptionnel, mes amies me disent sans arrêt que je suis une chouette fille mais…j’ai toujours peur de dire des conneries et de passer pour une pauvre imbécile aux yeux des autres. Et là, je me rends compte que moi aussi je juge les gens sur les apparences, je fais un complexe d’infériorité.

  • Ellen, je vois bien que ça ne va pas, dis-moi ce qui te préoccupe. déclara soudain Seth.

  • Mais rien, laisse-moi tranquille un peu ! m’emportai-je contre mon gré.

Et je lui arrachai mon bras, je partis de mon côté en longeant le mur et en l’effleurant de la main.

Je me doutais bien qu’on entendrait parler de cette histoire dans le lycée mais pour l’instant je m’en foutais royalement, pardonnez mon vocabulaire mais j’ai besoin de me défouler. Pendant ma « fuite » j’entendis des « attention laissez passer la pauvre aveugle » ce qui m’énerva au plus haut point, mais que pouvais-je faire ? Je continuai donc d’avancer dans ce qui me parut être une jungle quand tout à coup des mains attrapèrent mes poignets, je me débattis mais la personne était bien trop forte et surtout je ne savais pas où j’étais. Je sentis qu’on m’attirait hors de cette foule lorsque je commençais à mieux respirer.

  • Lâchez-moi ! criai-je hors de moi.

La personne ne me lâcha pas cependant, je supposai que c’était Seth mais n’en étais pas vraiment sûre, lui ne m’aurait peut-être pas entraîné ainsi par les poignets, quoique…Tant que la personne n’aura pas ouvert la bouche je ne saurais pas à qui j’ai à faire.

  • Qui que vous soyez, lâchez-moi ! ordonnai-je.

  • Eh bien, il avait raison. dit alors la personne en face de moi.

Le temps que je reconnaisse sa voix, ma tête se vida, il avait plaqué ses lèvres sur les miennes à ce moment-là le monde n’avait plus de sens, qu’est-ce qui se passait avec cette famille ? Etaient-ils tous devenus fous ? Pourtant Pete m’avait toujours semblé saint d’esprit, mais bon entre ce qui se passe dans la tête des gens et ce qu’ils veulent montrer d’eux, ce n’est pas exactement la même chose et ça je le savais bien, c’est ce que je faisais tout le temps.

  • P…Pete ! Mais qu’est-ce que tu fais ?! m’exclamai-je en le repoussant ce que je n’aurais jamais cru faire un jour.

  • Ellen, sort avec moi. répondit-il.

  • Heu…mais qu’est-ce que tu racontes ?! demandai-je surprise et rougissante, ça j’en étais sûre.

  • Je te regarde depuis la sixième, tu sais ? J’aimerais pouvoir rester près de toi.

J’étais dans tous mes états, comment osait-il me dire de telles choses à moi ? Ce n’était pas lui qui me regardait mais moi ! Moi, pas lui. Cependant j’avais envie de le croire malgré moi, une lueur d’espoir dans le fond de mon cœur prit vie, je pensai pourtant avoir tourné la page, serais-je toujours sous son emprise quoi que je fasse ?

  • Pete ! Qu’est-ce que tu fais là? demanda une voix que je reconnus immédiatement.

Je me sentis bizarrement soulagée qu’il soit là.

  • Heu… je vous laisse. dis-je en partant en vitesse.

  • Ellen ?

Mais je continuai mon chemin et traçai sans me retourner, de toute façon je ne voyais rien. Je vous raconterai bien ce qui s’est passé quand j’ai retrouvé les filles ou plutôt quand elles m’ont retrouvé mais…c’est le trou noir. Je pense que j’ai dû m’effondrer devant elles.

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Commentaires
T
Mmh !! une bien belle histoire qui na pas beaucoup<br /> d'erreurs ! c'est bien !<br /> <br /> <br /> theshow2009
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