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La vie en vrai
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14 juillet 2009

Chapitre 3 : La mort, l’apaisement…

Lorsque j’émergeai de ma léthargie j’entendis deux personnes parler tout bas mais elles étaient suffisamment près pour que je puisse entendre leur conversation, c’était Seth et Pete, et apparemment ils se disputaient.

  • Mais pourquoi tu as fait une chose pareille ?! s’énerva Seth. Si ça se trouve c’est à cause de toi qu’elle…

  • Non, je ne vois vraiment pas pourquoi elle se serait évanouie à cause d’un simple bisou de rien du tout et d’une déclaration idiote. le coupa Pete d’un ton désinvolte.

  • D’ailleurs pourquoi tu as fait ça ? Et pourquoi tu lui as dit de telles choses alors que tu ne connaissais pas son existence jusqu’à ce que j’aie cet accident ?

  • Parce que je ne peux pas voir cette fille, elle m’insupporte et la voir avec toi encore plus. Et comme j’ai entendu votre histoire de pari en classe…

Je sentis soudain mon cœur se craqueler dans ma poitrine, je n’arrivais plus à respirer, j’étouffais. Je suffoquai dans mon propre corps, mes poumons ne se remplissaient plus d’air mais d’acide, je brûlais.

  • Et alors ?! En quoi ça te regarde ? Tu peux me le dire !? s’écria Seth.

  • Je me suis dis que si je faisais semblant de l’aimer et que je devenais son petit ami eh bien, elle gagnerait son pari et que tu serais débarrassé d’elle, bien sûr je ne serais pas resté longtemps avec elle.

Mon cœur saignait à présent, le monde s’écroulait autour de moi. Qu’elle misérable je faisais !

  • Franchement, ça me faisait honte pour toi d’être à son bras. continua-t-il

  • Pete, arrête ! Arrête ça tout de suite si tu ne veux pas que je m’énerve !

  • Mais Seth, tu ne vas pas me dire le contraire quand je te dis que cette fille fait pitié, elle est plus que banale et… A côté toi, tu es…enfin il y a pleins de filles qui voudraient sortir avec toi, beaucoup mieux qu’elle.

J’avais l’impression qu’on venait de me poignarder le cœur, était-il humain d’avoir si mal ? Un cœur pouvait-il supporter une telle souffrance ? J’avais l’impression que des mains avaient plongé dans ma poitrine et m’écrasaient le cœur. Mais qu’elle misérable je faisais pour être détestée par un ange ! C’était moi le monstre, j’étais pitoyable à ses yeux, sans doute avait-il raison, je n’avais rien à faire avec Seth qui lui aussi devait ressembler à un ange. Maintenant je savais ce que les gens pensaient de moi, comment, mais comment les filles ont pu rester avec une minable pareille? Je le savais pourtant, et je venais de recevoir la confirmation de mes plus grandes craintes, elles s’avéraient fondées ! J’avais beau le savoir depuis toujours, l’apprendre de Pete me faisais encore plus mal, la moindre goutte de sang dans mes veines devenait douloureuse, j’avais envie de m’arracher le cœur une bonne fois pour toute pour ne plus souffrir, la brûlure de mon sang dans mes veines me traversait de part en part, j’avais envie d’hurler au secours, ça me rongeait de l’intérieure. Comment avais-je pus ne serait-ce qu’une minute espérer ? Je m’en voulais, après tout c’était de ma faute. Subitement je sentis quelque chose d’humide sur mes joues, des larmes ? Comment pouvais-je pleurer alors que mon cœur était presque mort ?

  • Ellen ? Ellen tu es réveillée ? m’appela Seth qui avait dû remarquer mes larmes.

Désormais j’avais choisi, j’avais choisi la mort plutôt que la vie, plutôt que la souffrance, je sais c’est lâche de ma part mais…trop tard, j’étais morte. Je me relevai en m’aidant de mes coudes et lorsque j’ouvris les yeux je fus éblouie par la lumière du jour bien trop blanche pour moi.

  • Ahhh ! Fermez les rideaux ! fermez les rideaux ! criai-je.

  • Ellen ? Tu arrives à me voir ?

  • Qui êtes-vous ? demandai-je face à quelqu’un d’incroyablement beau et que je ne connaissais pas.

  • Ellen, c’est moi, Seth. répondit-il.

  • Excusez-moi mais je ne vous connais pas.

  • Mais si, c’est moi qui t’ai renversé à vélo. insista-t-il.

  • Non je ne vous connais pas, bon maintenant si vous voulez bien me laissez, je vous remercie.

  • Oui, bien sûr. répondit l’autre garçon.

Et il attrapa Seth par le bras et l’entraîna hors de l’infirmerie, je me retrouvai seule. J’avais lu de la tristesse dans les yeux de l’inconnu qui disait m’avoir renversé à vélo et tout à coup j’entendis un bruit sourd comme des sanglots, il y avait quelqu’un qui pleurait, je me levai et vit en face de moi une jeune fille en train de pleurer, elle pleurait et pourtant ne montrait aucune émotions dans ses traits, c’était pitoyable. Lorsque je réalisai que la jeune fille en question en face, c’était moi je compris que j’étais bien morte, ou plutôt que mon cœur était mort. Mais alors ces larmes ? Mes dernières larmes ? Oui, sans doute, je sentais que mon cœur était définitivement fermé à toutes émotions, dorénavant il ne souffrirait plus jamais, il était bel et bien mort. Quand je sortis de l’infirmerie deux filles étaient assises par terre, dos au mur avec leur tête entre les mains. Je me demandais ce qui n’allait pas chez elles pour qu’elles affichent pareilles expressions, puis subitement je me rappelai que ça ne me regardait pas et que je ne pourrais rien pour elles de toute façon. Je continuai donc mon chemin, je les entendais maintenant pleurer, et l’une disait à l’autre : «  Ne t’inquiète pas Caleigh, elle va retrouver la mémoire c’est temporaire, Seth nous à dit que le médecin l’avait prévenu que ça pourrait arriver.

  • Mais…Nicole, elle ne se souvient pas de nous…

  • Elle a retrouvé la vue, alors pourquoi pas la mémoire ? Il faut garder espoir.

Je savais maintenant pourquoi elles étaient tristes, elles avaient une amie qui venait de perdre la mémoire et qui ne se souvenait pas d’elles. Leur amie devait être quelqu’un de bien pour qu’elles tiennent à elle à ce point.


Le lendemain, c’était samedi, il faisait beau, je décidai donc de rester dans ma chambre. Ma mère venait me voir toutes les demi-heures me demandant comment j’allais, comme si elle pensait que quelque chose chez moi aurait pu changer entre temps, mais qu’est-ce qui se passe? Je voyais bien que quand elle me parlait elle choisissait le moindre de ses mots comme si elle avait peur de dire quelque chose qui aurait pu me choquer ou quoi que se soit d’autre, comme si chaque mot qu’elle employait avaient de l’importance. Qu’est-ce qu’il n’allait pas à la fin ? C’était en rapport avec moi ? J’avais l’air d’aller mal? Pourtant je me sentais…en paix, voilà c’est le mot exacte, je me sentais apaisée, je ne sentais aucune douleur quelconque, rien. De toute façon aucune douleur n’était comparable à celle que j’avais ressentie hier dans la poitrine mais je ne me souviens plus vraiment de la cause, en tout cas, je ne sais pas pourquoi mais je commençais à être sensible à la lumière du soleil. Je préférais l’obscurité de ma chambre, rien de tel qu’un endroit où on est seule et à l’abri de la lumière du soleil.

  • Ellen ? Chérie ? Tu vas bien ?

  • Oui, maman tout va très bien. répondis-je en soupirant.

  • Tu es sûre, tu es…

  • Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai une tête bizarre, j’ai fais quelque chose qu’il ne fallait pas ? Dis-moi. Dis-moi ou tu vas me rendre folle à me poser cette question toutes les demi-heures. craquai-je.

  • Non, c’est que…c’est que depuis hier tu affiches une expression plutôt effrayante ou plutôt c’est l’absence d’expression sur ton visage qui est effrayant. avoua-t-elle enfin.

  • Vraiment ?

Surprise, je me rapprochai d’un miroir quand je vis mon reflet dans le miroir je ne remarquai rien, vraiment il n’y avait rien, ou plutôt il n’y avait pas de visage dans le miroir, je ne voyais pas mon visage, oh, qu’est-ce que ça peut faire de toute façon, mon visage ne me manquera pas. Mais pour la rassurer je fis comme si de rien n’était.

  • Vraiment maman, je t’assure que tout va bien. dis-je en me forçant un sourire.

  • bien. répondit-elle mais je vis son visage pâlir.

Puis je la vis prendre le téléphone avant de me sourire et de s’engouffrer dans sa chambre, en passant dans le couloir je l’entendis pleurer et elle parlait. « Oui, docteur, oui, elle ne se souviens toujours pas, non. Oui j’ai essayé de lui parler mais je n’ai pas réussi à lui dire…c’est trop dur…elle n’en est pas consciente, oui. Oui depuis hier. Elle a retrouvé la vue mais la mémoire maintenant… Oui, je comprends, vous ne pouvez rien faire ? Ses amis ? Non, eux non plus, pourtant vous aviez dis que ça serait des pertes superficielles, oui elle se souvient de moi mais…mettez-vous à la place de ses amis, oui. Bien. Je vous remercie, au revoir docteur. » Encore une fois j’étais perdue, de qui parlait-elle ? Pas de moi. Plus je réfléchissais et plus je me sentais perdue, qu’avais-je fait durant toute la semaine ? Je ne m’en souvenais pas, je me concentrai pour y voir plus clair et pour me rappeler mais soudain je ressentie une douleur dans mon crâne, une douleur sourde. Mon esprit me jouait un sale tour, il ne voulait pas que je me rappelle de ce que j’avais fait pendant la semaine. Pourquoi ? Pour m’éclaircir les idées je décidai de sortir prendre l’air, tant pis pour le soleil, c’est ainsi que je me suis retrouvée à déambuler au plan d’eau du coin, avec tous les arbres c’était parfait pour la lumière, oui encore une idée pratique. Et devinez sur qui je tombe au plan d’eau ou plutôt qui tombe sur moi et littéralement, je vous le donne en mille, le gars qui à l’infirmerie disait me connaître, oui, ce Seth machin. Mais que faisait-il là ? Bizarrement j’ai eu comme une impression de déjà vu, pourtant…aïe, ma tête !

  • Heu…est-ce que ça va ? Je suis désolé je ne vous ai pas vu venir. déclara-t-il en m’aidant à me relever.

Là encore, la situation me paru familière.

  • Toi ?! Mais qu’est-ce que tu fiches ici ? m’exclamai-je.

  • Oh ! Et puis ne réponds pas je n’veux pas le savoir finalement! le coupai-je. Franchement on ne peut plus sortir de chez soi sans tomber sur quelqu’un ou sans que quelqu’un ne vous tombe dessus. marmonnai-je alors.

Je me dirigeai vers l’autre bout du parc quand le gars me retint par la main. Surprise, je me retournai vers lui et regarda sa main qui tenait la mienne, je levai les yeux et scruta les siens d’un air interrogateur.

  • Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? demanda-t-il sur un ton étonnamment suppliant.

  • Ecoute je ne te connais pas alors comment veux-tu que je me souvienne de toi ? Excuse-moi mais tu dois me confondre avec quelqu’un d’autre. répondis-je.

  • Non, je ne connais pas d’autre Ellen que toi. Bon, puisque tu ne te souviens pas de moi on va reprendre depuis le début. proposa-t-il.

  • Comment ça ? demandai-je soupçonneuse.

  • Je me présente, je m’appelle Seth Winston, j’ai 18 ans. Je suis dans ta classe au Lycée William ainsi que mon frère, je veux dire qu’il est aussi dans la classe.

  • Il s’appelle comment ?

  • Pete. répondit-il sur un ton…

  • Ah ben non, je suis désolée mais je ne le connais pas non plus. répondis-je.

Et je vis Seth écarquiller les yeux, il semblait choqué, qu’est-ce qui n’allait pas ? Puis il parut se ressaisir. Tout à coup je me rendis compte qu’il n’avait toujours pas lâché ma main, ça commençait à être un peu gênant quand même, et puis ce n’est pas comme si il était moche, il était même tout le contraire et encore là c’est un euphémisme ! Je vous laisse l’imaginer.

  • Heu…Seth ?

  • Oui ?

  • Tu veux bien me rendre ma main ? demandai-je.

  • Oui, bien sûr. répondit-il en souriant.

  • Merci.

  • Mais de rien. dit-il à nouveau avec un sourire…

Ce gars était plutôt bizarre, il avait un comportement…je ne sais pas vraiment comment qualifier son comportement mais il…c’est comme si il s’amusait de mes réactions. Quand j’étais avec lui j’avais comme une impression de déjà vu, comme si dans une vie antérieure je…aïe ! Encore ma tête, ça devient de plus en plus fréquent. Mais qu’est-ce qui se passe avec moi ? Il y a quelque chose qui cloche, mais à chaque fois que je vais mettre le doigt dessus j’ai un mal de tête qui vient.

  • Dis-moi Ellen, que…qu’est-ce qui s’est passé la semaine dernière? demanda soudain Seth sur un ton grave.

  • Comment ça ?

  • Qu’est-ce qui t’ai arrivé pour que tu aies tout oublié la semaine dernière? reprécisa-t-il.

  • Je ne comprends pas de quoi tu parles…

Tout à coup je sentis quelque chose couler sur mes joues, mais pourquoi ?

  • Ellen ? s’inquiéta-t-il.

Mais elles ne voulaient pas s’arrêter de couler, pourquoi des larmes ? Il m’a juste posé une question, est-ce que finalement mon cœur ne serait pas devenu suffisamment étanche au monde extérieur? ou alors serait-ce que mon cœur se remémore une douleur qu’il a ressenti un jour ? Parce que là c’est mon cœur qui pleure, pas moi.

  • Ellen ? Tu te souviens ? demanda Seth.

  • Non ! Non, je ne veux pas ! ça fait trop mal !

  • Ellen.

Je me retrouvai tout à coup incapable de bouger, il avait enroulé ses bras autour de moi pour m’empêcher de m’enfuir. Comment en étais-je arrivé là ?! Mais il avait raison, que s’était-il passé la semaine dernière, je n’en avais aucune idée, aucun souvenir ne me revenait à part ces larmes qui coulaient malgré moi lorsqu’on me demandait ce qui s’y était passé.

  • Ellen, je vais te raccompagner chez toi, je pense que ça vaut mieux. proposa-t-il. Mais tu me promets que tu ne vas pas t’enfuir en courant si je te lâche ?

  • Oui, aller arrête et lâche-moi.

Et il se mit à rire, je ne comprenais pas très bien pourquoi.

  • Je ne vois ce qu’il y a de drôle. déclarai-je.

  • Tu me fais penser à une fille que je connais, c’est tout. Elle aussi est têtue, elle a un sale caractère, mais cette fille est profondément gentille, elle est très mignonne aussi mais je ne sais pas pourquoi elle a peu d’estime d’elle-même.

  • Ah ! Et cette fille est dans notre lycée ? demandai-je.

  • Oui. dit-il en souriant et en fixant le vague.

  • On dirait que…tu dois vraiment beaucoup apprécier cette fille dis donc. dis-je avec un sourire taquin.

  • Heu…oui, elle est vraiment très sympa, il faut vraiment apprendre à la connaître, beaucoup de gens disent derrière elle tout un tas de choses qui ne sont pas vraies et ça l’empêche de se montrer tel qu’elle est réellement, les gens ont facilement des préjugés juste avec leur apparence. Et ça, ça m’agace beaucoup. répondit-il.

  • Eh ben on dirait que tu parles de la sainte Vierge. commentai-je.

  • Il semblerait que tu ne la connaisses pas. dit-il sur un ton triste.

  • Oui, sans doute que je ne la connais pas. dis-je à mon tour.

  • Bizarrement depuis la semaine dernière elle a perdu la mémoire.

  • Vraiment ?

  • Oui, elle a oublié ses amies, depuis elles sont vraiment très tristes, elles ne savent pas quoi faire.

  • Ah ! Mais oui, l’autre jour j’ai vu deux filles en train de pleurer en sortant de l’infirmerie, je crois savoir de qui tu parles.

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