BONUS SPECIAL Chapitre 12: Coup de foudre ou harcèlement
Point de vue de Mary:
Toute la nuit, toute la nuit j'avais rêvé de ce cinglé! J'espérais de tout mon être ne plus jamais le revoir de ma vie, mais Ellen et Seth m'avaient assuré s'en débarrasser, donc qu'avais-je à craindre à aller au lycée aujourd'hui? Pourquoi étais-je si angoisser à l'idée d'aller là-bas? Serait-ce ce qu'on appelle un mauvais pressentiment?
- Mary! Tu vas finir par louper ton car à traîner dans cette maison!
- Oui, j'y vais! A ce soir maman! lui répondis-je en claquant la porte derrière moi.
Je sortis ma lampe de poche, il faisait encore noir le matin et lorsque j'arrivai à mon arrêt de bus, je constatai que le car était déjà arrivé et m'attendait, j'agitai alors ma lampe de poche pour que le chauffeur remarque ma présence et ne parte pas sans moi. Le long du trajet je restai le regard fixé à l'extérieur, figée, oh! Et puis quoi encore! C'est stupide de s'inquiéter comme ça juste pour un mec cinglé qui se croit amoureux alors que tu viens juste de le frapper! C'est perdue dans mes réflexions que je descendis de mon car et que je rejoignis les autres. Mais je considérai soudain les mines une à une de mes amis, ils semblaient...
- Heu...Mary, je te prévenir que voulais... se lança Ellen en fourchant sur quelques mots comme elle en a le secret. Heu...je voulais te prévenir que...
Et un mouvement qu'eut Seth ne me rassura guère, il resserra son étreinte autour de ses bras comme s'il voulait la soutenir dans la tâche qui revenait à Ellen de m'annoncer...m'annoncer quoi, d'ailleurs?
- Ellen! Accouche tu veux? commençai-je à m'agacer.
- Bah en fait, tu vois Karl? Le gars que je ne supporte pas...
- Oui? dis-je en commençant à m'inquiéter.
- Eh bien, il...il est...il est inscrit dans ce lycée. finit-elle par déballer.
- Oh! Non, je le savais, je le savais! Je savais que je n'aurais jamais dû me lever ce matin! Pourquoi ne suis-je pas rester au lit?! Et puis quel cinglé aussi! On a pas idée de tomber amoureux d'une fille parce-qu'elle vous a giflé!
- Je suis désolée ma twin, j'ai tout fait hier pour qu'il dégage, d'ailleurs je pensais qu'on avait réussi hier avec Seth mais en fait j'aurais dû me douter qu'il ferait tout pour nous pourrir la vie! commençai à s'énerver Ellen.
- Non, ne t'en fais pas, ce n'est pas de ta faute, je sais que tu as fais de ton mieux. tentai-je de la calmer, Ellen énervée n'était jamais bon pour ceux qui se frottaient à elle, mieux valait qu'elle ne s'énerve pas, même pour son entourage.
J'avais vu Ellen énervée un jour, elle était effrayante, elle ravageait tout ce qui lui tombait sous la main, tout ce qui était autour d'elle, je crois d'ailleurs que c'était juste après que Pete ai fait son sale coup et que Dean ne lui ai plus adressé la parole. Oh! Oui, il ne fallait pas la voir en colère ou énervée. Enfin bref, Karl était là et c'était la catastrophe à coup sûr, Ellen m'avait raconté toutes leurs histoires de gangs la veille au soir par SMS. Bon, d'accord il avait vécut des choses très dures dans sa vie mais tout de même!Il faut que j'arrête de parler de lui vous aller finir par penser qu'il m'intéresse.
- Bonjour à tous, asseyez-vous! Nous avons un nouvel arrivant dans la classe! déclara Mme B.
- Bonjour, je m'appelle Karl Riley. déclara le cinglé.
Oh! Pitié, pas lui, pourquoi dans ma classe alors qu'il y a trois classes de TES?! Bon, calme-toi Mary, chut calme-toi, tu t'étais préparée à une telle éventualité, alors feint de ne pas le connaître et puis c'est tout.
- Bien, monsieur Riley vous allez vous asseoir à côté de Kelly. lui indiqua la professeur.
Oh c'est pas possible! Mon dieu il est à côté, il n'y a que la rangée qui nous sépare, pourquoi? Pourquoi n'y avait t-il pas de mur ou même juste une cloison au milieu de cette fichue classe?! C'est ainsi que Karl vint s'installer à sa place en ne manquant pas de me lancer un sourire. Grrrr, ce qu'il pouvait m'énerver ce type! J'avais envie de lui planter la mine de mon stylo dans la main, non, non, non, il n'existe pas, il n'existe pas. Je me reconcentrai sur le cours et me surprit à être totalement absorbée par ce que disait la prof'. Soudain mon voisin se pencha vers mon oreille pour faire une remarque sur ce que portait la prof', comme d'habitude.
- T'as vu aujourd'hui on voit le soutif de la prof, elle veut nous allumer ou quoi? C'est pathétique. commenta-t-il.
- Oui, c'est juste que cette prof est super tête en l'air, je suis sûre qu'elle ne fait jamais gaffe à ce qu'elle porte. répondis-je.
- Ouais, c'est sûr que lorsqu'on regarde comment les couleurs de ses vêtements s'accordent ça fait peur. dit-il en riant. On dirait un épouvantail.
Et j'éclatai de rire moi aussi.
- Monsieur Spencer! Ne perturbez pas votre voisine pendant mon cours, vous avez tout le temps nécessaire de la draguer pendant la récréation!
Soudain je vis Karl faire la grimace, et moi je lui lançai un immense sourire. Ah! Qu'est-ce que ça fait plaisir! Prend ça dans ta gueule espèce de débile pas net! Hugh quant à lui continua ses commentaires.
- Elle est jalouse ou quoi?
Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire, qu'est-ce qu'il pouvait être drôle.
- Elle en pince peut-être pour toi. ajoutai-je dans mon hilarité.
- Mais malheureusement pour elle, moi j'en pince pour quelqu'un d'autre. répondit-il.
- Oh! La pauvre, elle ne va pas s'en remettre! fis-je faussement compatissante.
Mais soudain il était devenu étrangement sérieux, puis la cloche sonna enfin la fin du cours. Ah! Enfin la récréation, la libération après ces deux heures de cours dans la même classe que...
- Mary! Hé Mary attends-moi!
- Oh! Non pitié faîtes que ce ne soit pas lui.
- Oui. répondis-je en me retournant, en priant très fort pour que ce ne soit pas LUI.
- Tu es pressée ce matin. déclara Hugh.
- Ah! C'est toi. répondis-je en exprimant un grand soulagement.
- Oui, c'est moi, tu croyais que c'était qui? M'interrogea-t-il avec un soupçon de colère dans la voix?
Et soudain je vis Karl foncer droit sur nous et j'émis une grimace apparemment bien prononcée parce-que Hugh se retourna pour voir qui me faisait cet effet-là. Quand il le vit il attrapa ma main et m'entraîna de l'autre côté en courant. Lorsqu'on eu réussit à le semer, on était essoufflés comme pas possible! Il s'est accroché le Karl. Tout à coup je réalisai qu'on était vraiment loin des bâtiments, je m'étais totalement laissée entraînée.
- Heureusement que t'étais là, je n'avais absolument pas envie de le voir. dis-je en riant.
- Qui c'est? demanda-t-il abruptement.
- Beh c'est le nouveau de la classe. répondis-je comme s'il était demeuré.
- Je sais, mais je te demande qui c'est par rapport à toi? insista-t-il.
- Un pauvre type que j'ai giflé et qui est insupportable.
- Et c'est qui? Un ami, un petit-ami?
Je sentis qu'il accrochait sur le dernier mot, je n'avais jamais vu Hugh comme cela auparavant.
- C'est juste un pauvre type sans importance, je ne le connaît que depuis hier. Il était venu voir Ellen et Seth et j'étais avec Ellen, donc voilà. Hugh, pourquoi ça t'intéresse tellement de savoir qui c'est par rapport à moi?
- Tu n'as toujours pas compris n'est-ce pas? dit-il avec presque un air de...je ne saurai pas dire ce que je vis dans son regard mais c'était vraiment intense.
- Hugh? Tu me fais peur là.
- Écoute, je suis amoureux de toi depuis presque deux ans et tu ne me vois toujours pas. dit-il durement. Alors pourquoi...
- Je...je suis désolée Hugh...
- Tais-toi! Cria-t-il en mettant une main sur ma bouche m'empêchant de parler mais surtout de respirer. J'ai failli péter un plomb en classe en voyant ce qui se passait entre toi et ce type!
Je me débattais à présent, il m'avait plaqué contre un mur et gardait sa main sur ma bouche et mon nez, je ne pouvais plus respirer. Et il n'y avait personne pour m'aider, qui aurait l'idée de venir là aussi? Qu'est-ce que j'avais été bête, en fait le pire entre Karl et Hugh est encore ce dernier! Pourquoi est-ce que je tombe que sur des mecs fêlés?!
- En deux ans je n'ai rien suscité chez toi! Ce type débarque hier et déjà tu le détestes! continua-t-il.
Mais était-il devenu fou? Que quelqu'un vienne m'aider, je vais étouffer! Soudain je me souvins que j'avais des genoux. Je lui envoya mon genou droit dans l'estomac pour qu'il lâche prise et que je puisse de nouveau respirer.
- Aïe! cria-t-il surpris.
- Au secours! hurlai-je pendant que j'en avais la possibilité.
- Salope! s'exclama-t-il en se tenant le ventre.
Il avait l'air d'avoir mal. J'en profitai pour m'enfuir en courant mais il se reprit et se mit à me poursuivre en criant des menaces. J'étais à bout de souffle et surtout morte de peur. Je me remis à hurler à l'aide, mais qui pourrait m'entendre? Et soudain je trébuchai, j'entendais les pas de Hugh se rapprocher dangereusement de moi. Je me mis à sangloter de peur, je n'avais plus aucune force dans les jambes pour me relever et me remettre à courir, c'était la fin mais je ne pouvais pas abandonner, je me mis alors à ramper quitte à mourir autant que ce soit en s'étant battu de toutes ses forces. Il se mit à ricaner, je ne pouvais plus lui échapper, j'étais à sa merci et lui se délectait de me voir ramper ainsi sous ses yeux.
- Mary, Mary, mais où comptes-tu aller comme ça? demanda-t-il sur un ton doucereux.
- Loin de toi! Espèce de malade! réussis-je à hurler en rassemblant toute la colère que j'avais en moi.
J'étais partager entre la peur panique et la colère.
- Ce n'est pas très gentil ça. fit-il en rapprochant son visage du mien.
- Hugh...je...t'en prie... recommençai-je en cédant à nouveau à la peur.
- Mais il suffit que tu m'aimes.
- Hugh, l'amour ça ne se contrôle pas! lui répondis-je.
- Mauvaise réponse. dit-il avec un nouveau sourire sur le visage.
Et il posa sa main sur ma jambe, il faisait glisser doucement sa main vers ma cuisse, très vite je compris ses intentions. A présent je tremblais de la tête aux pieds, j'étais incapable du moindre mouvement, c'était comme si j'étais paralysée sur place, j'avais cessé de respirer, je suffoquai, j'avais beau vouloir respirer mon corps semblait en avoir décidé autrement, je ne me contrôlais plus. Je voulais hurler pour qu'il arrête mais le manque d'air m'en empêchait.
- C'est bien, tu as compris ce qui était bon pour toi. dit-il tout à coup.
Je n'avais pas de cordes autour des poignets mais je me sentais prisonnière, j'allais me faire violer. Non! Je refuse! Je ne l'admets pas! Bats-toi Mary! De toutes tes forces, bats-toi!
- Oh! Ne me regarde pas comme ça Mary, je t'en prie. dit-il en voyant mon regard noir.
- Et comment veux-tu que je te regarde espèce de monstre?! Tu es à demi couché sur moi, tu me traites comme une putain, tu veux me violer et je devrais te sourire et te regarder avec tendresse!? hurlai-je, surprise que ma voix puisse sortir de ma gorge et avec autant de force.
- Mary, ça me répugne d'utiliser la violence contre les filles mais tu ne me laisses pas le choix. menaça-t-il. Il faut que quelqu'un te corrige.
Et je reçus son poing dans la joue gauche, je ne sais pas s'il y avait mit toute sa force en tout cas, après une douleur incandescente un goût de fer envahit ma bouche. Lorsqu'il prépara son deuxième coup, je fermai les yeux pour accuser le deuxième coup qui me ferait perdre conscience, j'étais sous lui et je tremblais de la tête aux pieds, j'attendais mais rien ne se produisit, aucun coup, aucune douleur. Réalisant cela j'ouvris les yeux à contre-cœur et là stupeur, quelqu'un tordait le bras qui aurait dû me frapper.
- Mary, est-ce que ça va? demanda Karl avec douceur et une colère indéfinissable.
- Je... je crois... réussis-je à dire.
J'étais sauvée! Et c'était Karl mon sauveur, vous le croyez vous?
- Toi! Viens par là! cria-t-il à l'adresse de Hugh toujours en lui tenant fermement le bras dans le dos. Espèce de grand malade! Tu vas payer pour ce que tu lui as infligé!
- Je te signale que si elle est venue avec moi c'était pour t'échapper, alors pourquoi tu viens t'occuper de nos oignons!? déclara Hugh.
- Parce-qu'elle compte pour moi et qu'elle n'est pas un objet comme tu sembles le penser!
- Mais tu ne l'as connaît pas, tu l'as juste rencontré hier! Alors que moi ça fait deux ans que je la connais. contra-t-il.
- Et alors? Est-ce que moi j'ai essayé de la violer?! s'énerva-t-il. Est-ce que je l'ai frappé?! L'ai-je menacé?!
- Et toi, connais-tu sa date d'anniversaire? Sa couleur préférée? Son plat préféré? Son groupe de musique favori? demanda-t-il avec un sourire jusqu'aux oreilles sûr de la réponse.
- Mais t'es complétement cinglé! Et puis je suis là alors ça vous dérangerait d'arrêter de faire comme si vous parliez d'une autre personne!? m'écriai-je en me dirigeant sur eux.
Je reprenais manifestement mes esprits, et mon caractère un peu trop vindicatif -quoique à côté d'Ellen ce n'est rien- reprenais le dessus.
- Reste derrière moi. dit-alors Karl en tendant un bras protecteur devant moi.
- Karl, c'est bon laisse-le filer, il n'en vaut pas la peine. lui demandai-je.
Lorsqu'il reçu un coup de poing dans l'estomac, Hugh avait profité de la situation pour le frapper, mais ce gars ne s'arrêtera donc jamais?!
- Espèce de lâche! lui hurlai-je, furieuse.
- C'est bon, ne t'en fais pas. me calma Karl en posant une main rassurante sur mon épaule.
- Arrête ça! Tu ne sais pas ce que ça peut me faire de te voir prendre sa défense! répondit Hugh désespéré. Et ne la touches pas, toi! cria-t-il en le pointant du doigt.
- Je prends sa défense puisqu'il m'a sauvé de toi! Tu voulais me violer et me frapper, tu te souviens?!
- …
- Alors ne viens pas te plaindre! Arrête prétendre m'aimer puisque visiblement tu ne sais pas ce que c'est que l'amour! Et ne m'approche plus jamais ou la prochaine fois je vais chez les flics, t'as compris!?
- Ma...
- Tais-toi! Je t'interdis de prononcer mon prénom! m'exclamai-je à bout.
C'était un véritable renversement de situation, Hugh venait de frapper Karl mais c'était lui qui était tombé à terre, et c'était moi au-dessus de lui cette fois, enfin pas au sens littéral mais vous m'aurez compris. Je crois que j'avais mal jugé Karl, il était une personne tellement rassurante en ce moment.
- Mary ça va? demanda Karl avec une expression inquiète, il me soutenait par les épaules.
- On peut y aller? lui demandai-je.
- Bien sûr. répondit-il calmement avec presque un sourire.
- Merci. dis-je soulagée.
- Toi! Fais attention à toi, il y a pleins de personnes malintentionnées dans les rues en ce moment. déclara Karl en se retournant vers Hugh en le pointant du doigt, il avait une expression menaçante sur le visage.
Même si il ne le disait pas explicitement, Hugh et moi comprîmes que c'était une menace, Karl menaçait Hugh et sachant que Karl appartenait à un gang cela ne présageait rien de bon pour ce cher Hugh, ce que lui ignorait malheureusement pour lui. Le pauvre me faisait presque pitié à ce moment précis, PRESQUE. Non, finalement il le méritait bien, quoi qu'il en soit dix minutes plus tard j'étais loin de ce monstre avec Karl me soutenant toujours. Ellen et Seth ne l'appréciaient guère mais pour moi il avait été là, il avait juste été là et il m'avait défendu de Hugh, de sa folie. Y a pas à dire je suis la seule à qui une telle chose pourrait lui arriver quoique Ellen aussi en a de bonnes, et je crois que je commence à comprendre son soulagement quand tout est revenu à la normal pour elle, entre Seth, Dean et Caleigh, et puis Pete.
- A quoi penses-tu? demanda tout à trac Karl, me sortant de mes pensées.
- Heu...je...à rien.
- Ne t'en fais pas, IL ne s'approchera plus JAMAIS de toi. me dit-il en se voulant rassurant.
- Heu... Tu sais que ça fait peur quand tu dis ça comme ça?
- J'avais une de ces envies de le frapper, mais...mais je ne voulais pas que tu vois ça. avoua-t-il. Je ne voulais pas te faire peur, il m'a tellement énervé que...
- Tu sais Ellen et Seth m'ont un peu parlé de toi, je sais que tu fais partie d'un gang et je dois t'avouer que c'est ce qui m'a rassuré quand tu es apparu et que Hugh allait...
C'est lorsque Karl essuya mes joues que je me rendis compte que je pleurais. Karl me prit dans ses bras et me ramena vers les bâtiments du lycée, il me déposa à l'infirmerie, il expliqua à l'infirmière que j'étais un peu choquée parce-qu'on m'avait attaqué dans la rue. Je remerciais Karl silencieusement de ne pas dire toute la vérité, je détesterais déclencher des histoires au sein du lycée. La vérité était que j'étais terrifiée, le contre coup sans doute. Je pense que plus jamais je ne donnerai ma confiance aussi facilement qu'avant, c'est triste à dire mais...non je préfère ne plus y penser.
- Mary! Mary! Est-ce que ça va?! Karl nous a raconté...
- Oh! Ellen.
J'étais si heureuse de la voir dans un moment pareil et je fondis en larmes.
- Mary, est-ce que ça va? me demanda Seth tout essoufflé. Ellen m'a semé lorsque Karl nous a dis que...
- Ce type ne va pas s'en sortir comme ça! s'écria Ellen. Il a pas intérêt à me croiser sinon...
- Chut...du calme Ellen, si jamais tu fais ça tu risques d'être renvoyée. déclara Seth en lui attrapant les épaules pour la rapprocher de lui.
- Je te signale que CE type a failli... reprit Ellen avant d'être coupée.
- Ça suffit les amoureux vous ne voyez pas que vous fatiguez Mary?! dit-alors Karl appuyé dans l'encadrement de la porte observant la scène les bras croisés.
Soudain tout le monde se retourna vers moi et me fixa, cela me rendais un peu mal à l'aise surtout que je ne savais pas ce qu'ils avaient à me regarder comme ça.
- Qu'est-ce qu'il y a? J'ai quelque chose de collé sur la figure? demandai-je pour couper ce silence et tous leurs regards.
Karl s'approcha de moi, s'assit sur le lit et me tendit un mouchoir, il avait un sourire apaisant sur le visage lorsque j'observais sur ceux de Seth ou d'Ellen de l'inquiétude, ce qui m'inquiétait encore plus. Lorsque je compris que je pleurais, j'entendis Karl dire tout bas que tout irait bien mais il semblait que j'étais la seule à l'avoir entendu.
- Je crois qu'on devrait la laisser seule un moment. déclara Karl en direction de mes amis.
Mais au moment ou il allait partir je le retins par la manche, je ne voulais pas me retrouver toute seule, non, me retrouver seule et devoir faire le point sur ce qui s'était passé me faisait peur.
- Mary? m'interrogea-t-il du regard.
- S'il te plaît.
Juste ces mots et il resta à mes côtés, sa présence m'était rassurante, et je m'endormis ainsi. A mon réveil ma main était dans celle de Karl et lui était endormi sur le siège à côté de moi. Le pauvre je l'avais pour ainsi dire obligé à rester à mes côtés, il avait dû louper les cours à cause de moi et il devait être fatigué après l'altercation avec Hugh.
- Je suis désolée. murmurai-je persuadée de parler toute seule.
- Pourquoi? demanda-t-il en ouvrant les yeux.
- Oh! tu étais réveillé?
- Pourquoi es-tu désolée? réitéra-t-il sa question.
- De t'avoir entraîné là dedans, à cause de moi t'as loupé les cours en plus tu t'es fait frapper par...
- Mary, je sais que je passe pour un cinglé en te disant cela et en agissant comme je le fais mais sache que pour moi il est normal que je veuille te protéger. répondit-il en me regardant au fond des yeux et en resserrant son étreinte sur ma main.
- Pourrais-tu éviter de me broyer les os de la main s'il te plaît? demandai-je, après un instant de gros blanc, en baissant les yeux sur sa main toujours sur la mienne, il ne la retirait pas mais il avait relâché son étreinte.
Soudain une sonnerie de portable retentit dans la pièce.
- Oh, désolé je dois répondre. déclara-t-il en se levant et en quittant la pièce.
Il avait l'air préoccupé quand il a décroché, j'espère qu'il n'y a rien de grave. L'appel dura dix minutes et je l'ai entendu -malgré la porte fermée- à plusieurs reprises s'excuser à son interlocuteur. Lorsqu'il revint il me lança un sourire en me disant que c'était son cousin, à ce moment je me demandai si tout ce qu'il me disait n'était pas des mensonges parce-que de la manière dont il parlait à son interlocuteur ne donnait pas l'impression qu'il parlait avec quelqu'un de sa famille.
- Ça va?
- Oui. répondit Karl en esquissant un sourire bienveillant.
- Si tu avais des soucis tu me le dirais? demandai-je franchement.
- Oui, pourquoi me demandes-tu ça?
- Eh bien pour te répondre franchement c'est que ça n'avait pas l'air d'aller quand tu as vu qui t'appelait, et quand tu parlais à ton interlocuteur on aurait dit qu'il y avait une tension. répondis-je.
Tout à coup l'expression de son visage changea, il semblait inquiet, morose et hésitant.
- Je vois...c'est...
- Excusez-moi, monsieur Riley mais il va falloir que vous quittiez cette chambre. l'interrompit l'infirmière.
- D'accord. répondit-il en me laissant seule avec l'infirmière.
Il était bizarre quand même ce type! Le lendemain lorsque je suis arrivée en cours il était là, à sa place mais lorsqu'il m'a aperçu il s'est tourné d'un bloc vers l'autre côté de la classe et s'est mit à parler à sa voisine, je ne l'ai pas vu de la matinée, bon il était dans ma classe donc si je pouvais le voir mais dès que j'essayais de lui parler pendant les pauses il était inaccessible, c'est comme si on ne s'était jamais adressé la parole, comme si il ne me connaissait pas, dès que je le croisais dans un couloir tout à coup il allait parler à des gens que j'étais certaine qu'il ne les connaissait pas. Vous ne trouvez pas ça étrange, je pense qu'il m'évite depuis hier, mais pourquoi? Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal? Oh! Est-ce par rapport à ce que je lui ai demandé, je voyais bien qu'il était mal à l'aise c'est pour ça que... Oui je sais, je ne sais pas ce que je veux. Quand il me court après je fais tout pour le fuir et dès qu'il ne s'intéresse plus à moi, c'est moi qui lui cours après. C'est n'importe quoi je vous l'accorde, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à lui, je revois la scène de lorsqu'il m'a sauvé de Hugh et aussi nos présentations quand Ellen ne pouvait respirer le même air que lui.
- Ellen, tu ne trouves pas que Karl a un comportement étrange envers moi depuis hier? demandai-je pendant la pause de midi.
- Comment ça ma chérie, Karl a toujours eu un comportement étrange envers toi Mary.
- Non, je veux dire depuis ce matin il m'ignore royalement. Non, pire c'est comme s'il ne me connaissait pas.
- Pourquoi? Ce n'est pas le cas? Je veux dire, il te connait bien? demanda Ellen.
- Bah non, mais tu sais après ce qui s'est passé hier, beh...il m'a sauvé quand même. dis-je. Et puis on a bien parlé, il n'y a pas eu d'insultes ou de remarques désagréables, il s'est montré bienveillant à mon égard.
- Tu sais Mary, Karl fait partie d'un gang donc pour lui c'est normal les embrouilles, se battre c'est son domaine.
- Attends! Tu veux dire que je suis une embrouille ambulante?! commençai-je à m'emporter, vexée.
- Mais non! Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire...je...tu sais bien que non, je ne te dirais jamais rien à ce sujet parce-que pour ça je suis la championne. Mais, ce que je pense c'est que Karl a voulu jouer avec toi, mais il a compris qu'il ne fallait pas, il n'a pas intérêt à te faire souffrir sinon il sait ce qui pourrait lui arriver. expliqua-t-elle.
- Je...je ne pense pas qu'il avait de mauvaises intentions... dis-je en bafouillant triste.
- Qu'est-ce qui t'arrive ma chérie? Hier matin encore tu le fuyais comme la peste, tu ne voulais pas le voir et voilà que c'est toi qui le cherche.
- C'est que je ne comprends pas moi-même... avouai-je à ma meilleure amie. Je...je n'ai pas les idées très claires en ce moment.
- Tu veux que j'aille le voir? me proposa-t-elle.
- Je ne pense pas que ce soit une excellente idée, je sais que tu le déteste. déclarai-je.
- Écoute, moi si j'étais réticente à ce qu'il t'approche c'est parce-que Seth m'a raconté comment il se comportait avec les filles, il m'a dit que juste durant ces deux dernières années il avait eu une trentaine de petites amies. Et qu'elles ne s'en sortaient pas toutes indemnes.
- Indemnes? Comment ça? demandai-je curieuse.
- Je n'ai pas demandé les détails mais apparemment c'est pour cela qu'il aime bien les filles au fort caractère. Aussi, il tremperait dans des affaires louches.
- Je pense qu'on ne parle pas du même Karl. Moi je parle de celui qui hier à tenu ma main tout le reste de la journée pendant que je dormais dans l'infirmerie, de celui qui s'est fait frapper par ma faute, qui n'a pas riposté dans le but de ne pas m'effrayer sachant qu'il était un garçon et que ce n'était pas super confortable d'être sauvée d'un viol par un autre garçon. lui débitai-je tout à coup.
- …
- Maintenant excuse-moi j'ai envie d'être un peu seule. dis-je en m'éloignant.
Je sais je n'avais pas été très juste avec Ellen, mais elle parlait de Karl comme si c'était un criminel, franchement je veux lui laisser le bénéfice du doute. Je ne le connais pas mais je voudrais savoir ce qui peut autant l'effrayer pour que du jour au lendemain il ne m'adresse plus la parole, quel est son problème? Je crois que malgré moi hier j'ai cru ce qu'il m'a dit, lorsqu'il m'a dit que j'étais importante à ces yeux au point que ça lui semblait normal de vouloir me protéger. Il semblait si sincère lorsqu'il me l'a dit, je sais après tous les avertissements d'Ellen j'aurais dû encore plus me méfier de lui et ne pas tomber dans le panneau. Mais que voulez-vous je suis une petite âme sensible. Et mon intuition me disait que quelque chose clochait, et que ce n'étaient pas des broutilles. Ça m'énervait vraiment de ne pas savoir ce qui n'allait pas! Plus la journée avançait, moins je voyais Karl plus je m'énervais, ma tête allait exploser si ça continuait comme ça, non mais sérieusement ce gars allait me rendre folle sans mauvais jeux de mots s'il vous plaît.
- Mary? Que fais-tu toute seule dehors? demanda la voix du prince charmant de ma twin.
- Chut...calme-toi, calme-toi...
- Qu'est-ce que tu dis?
- Rien, je prends un peu l'air si tu vois ce que je veux dire. répondis-je avec un sourire forcé.
- Ah! Dis-moi tu sais...
- Calme-toi, maîtrise-toi ma fille aller comme en théâtre quand tu ne dois pas éclater de rire, aller respire et reste calme. me chuchotai-je.
- Alors? me demanda Seth avec un regard interrogateur.
- Pardon tu disais?
- Je demandai si tu savais....
J'avais encore manqué la fin de sa phrase, je n'arrivais pas à me concentrer sur ce qu'il me disait et en même temps me concentrer pour ne pas craquer et ne pas exploser.
- Excuse-moi, mais là Seth ce n'est vraiment pas le moment. dis-je aussi gentiment que je le pouvais dans un moment de pétage de plombs.
- Qu'est-ce que...
Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase et je partais déjà en courant, oui comme ça, je l'ai planté en plein milieu d'une phrase je ne sais pas si c'était important, je ne sais pas de quoi il voulait me parler et à vrai dire pour l'instant le plus important était de me calmer, il fallait que toute cette frustration sorte. Et alors que je franchissais le portail du lycée quelqu'un me retint en m'agrippant le poignet, mais il fallait que je parte de là sinon j'allais exploser devant tout le lycée! Tu parles d'une réputation de cinglée après! Il fallait que je parte le plus vite possible, il y a pas moyen que je reste encore enfermée dans une cage avec le fantôme de Karl! Non! Mon instinct de survie repris le dessus sur ma maîtrise et celui qui me tenait se reçu mon poing dans la figure! Je ne suis pas d'un tempérament violent ou bagarreur mais je savais faire deux ou trois trucs, trucs que je n'avais pas pu utiliser contre Hugh soit dit en passant.
- Lâchez-moi! hurlai-je.
On me relâcha le poignet et je partis en courant aussi vite que je le pouvais, et j'ai couru aussi longtemps que mon corps me le permettait, et pour tout vous dire je suis assez bonne à la course et à l'endurance. Et lorsque je m'arrêtai de courir je me rendis compte alors que j'étais perdue, je ne savais pas où je me trouvai j'avais couru au hasard, je ne reconnaissais pas du tout les ruelles sombres que je traversais à l'aveuglette et bien sûr je n'ai pas fais attention par où je passais. Tout à coup j'entendis des pas précipités dans mon dos, quelqu'un courrait dans mon dos, je ne voulais pas me retourner. Et si c'était...Hugh? Qu'est-ce que j'allais faire s'il m'avait suivit jusqu'ici pour se venger? Ou peut-être était-ce la personne qui avait essayé de me retenir et que j'avais frappé qui voulait me rendre le pain que je lui avais mis? Misère! Je n'allais pas m'en sortir, mon dieu, venez moi en aide.
- N'approchez pas qui que vous soyez. dis-je la voix, malgré moi, tremblante en reculant.
- Tout va bien... du calme. Je ne te ferais aucun mal. déclara la voix masculine qui avançait doucement mais sûrement vers moi.
- Arrêtez! Ne faîtes pas un pas de plus! le menaçai-je les larmes aux yeux, j'étais tétanisée, ça allait recommencer.
- Mary, c'est moi, n'aie pas peur. répéta Karl en s'approchant davantage.
Puis il me prit dans ses bras, moi je continuai de me débattre, je griffai, je donnai des coups de pieds, je criai et je pleurai. Oui, tout ça en même temps c'est pas évident à faire. Lui resserrait encore plus son étreinte autour de moi. Je le frappai enroulée dans ses bras.
- Mary. chuchota-t-il. C'est fini, c'est moi, ne t'inquiète pas, c'est moi, Karl.
- Karl... répétai-je la bouche dans le col de sa chemise en reniflant.
Il me serrait tellement que j'avais l'impression que j'allais étouffer. Comment pouvait-il me serrer aussi fort alors que je le frappai?
- Karl! Espèce de... pourquoi tu fais ça!? Pourquoi est-ce que tu m'as ignoré toute la journée alors que hier tu me courrais après!?
- …
- Si tu n'as rien à dire casse-toi! hurlai-je hors de moi, j'essayais de cacher de nouvelles larmes naissantes en m'éloignant de lui et je me détournai de son regard.
- Mary...
- Casse-toi! répétai-je. Si tu ne pars pas c'est moi qui...
Mais il resserra mes poignets et m' attira à lui, il était fort je n'arrivai pas à me détacher de lui, je le sentais collé dans mon dos et soudain un souffle chaud parvint à mon oreille.
- Pardonne-moi, s'il te plaît. chuchota-t-il.
- …
- Je t'en prie, excuse-moi. Je ne voulais pas que...
- Alors explique-moi pourquoi es-tu si distant. exigeai-je.
- Distant? demanda-t-il en resserrant ses bras autour de mes épaules.
- Tu sais très bien que ce n'est pas de ça que je parle! Tu me prends pour une idiote?!
- Non, excuse-moi. répondit-il.
- Et arrête de t'excuser, je veux une vraie réponse.
- C'est que...je ne veux pas t'impliquer. finit-il par dire son visage enfouit dans mes cheveux.
- M'impliquer dans quoi? demandai-je. Et tu renifles mes cheveux?
- Tu sais que je fais partie d'un gang et que je ne suis pas le chef de ce gang.
- Ton gang? Je ne vois pas vraiment ce qu'il vient faire dans le fait que tu m'évites royalement depuis hier. dis-je.
- C'est une règle du gang, lorsqu'un membre sort avec quelqu'un ou aime quelqu'un il doit présenter la personne au chef. expliqua-t-il.
- Et?
- Tu ne comprends pas que c'est dangereux, tu ne sais pas tout ce que j'ai pu faire dans le gang et pour lui! déclara-t-il sur un ton dur.
- Ce n'est pas ça, c'est que je ne vois pas ce qui me relie à cette règle, on n'est pas ensemble. répondis-je d'une petite voix.
- Tu as raison. dit-il.
Sa réponse me fit l'effet d'une grande claque en pleine figure, pourquoi?
- Bon, on rentre? proposa-t-il.
- Oui.
Et on sortit de cette ruelle sombre, une fois à la lumière je remarquai une rougeur sur la joue de Karl, que lui était-il arrivé?
- Qu'est-ce que tu as? lui demandai-je en désignant sa joue.
- Oh! Rien, j'ai voulu retenir une amie qui manifestement voulait partir absolument se perdre dans des ruelles sombres.
- Oh non! Ne me dis pas que...c'est moi qui ai fais ça?
- Mmmh. répondit-il en hochant de la tête.
- Excuse-moi, je suis vraiment désolée.
Je posai instinctivement ma main froide sur sa joue blessée pour le soulager, oui le froid fait toujours du bien. Et lorsque je voulu la retirer une main vint se poser sur la mienne pour la retenir sur ce visage chaud, visage qui me semblait de plus en plus beau malgré la joue qui commençait à enfler. Mais que m'arrivait-il?
- Tu as les mains gelées. commenta Karl en gardant ma main collée à son visage.
- Je suis désolée...
Il saisit mon autre main et la posa dans son cou. Mais que faisait-il?
- Ça va mieux?demanda-t-il au bout d'un moment.
- Je...merci. réussis-je à dire en comprenant qu'il voulait me les réchauffer.
- De rien, et j'avoue que ça soulage ma joue. dit-il en me lançant un sourire adorable.
Son sourire me fit un pincement au cœur, le terme « amie » me revint en mémoire et me fit étrangement mal, qu'est-ce qui n'allait pas avec moi? Je n'ai jamais voulu plus qu'une amitié entre nous, alors pourquoi ses propos me touchaient autant? Pourquoi est-ce que j'étais en colère contre lui? Parce-qu'il m'évitait ou parce-qu'il ne s'intéressait plus à moi et que je ne faisais que de penser à lui depuis la veille? Je crois que je débloque.
On marchait dans une rue bondée et j'essayai de ne pas perdre Karl qui se frayait un chemin parmi les gens, tout à coup un gars m'attrapa par le bras, je ne sais pas ce qui se passa mais je me mis à trembler de la tête aux pieds et m'effondrai.
- Hé toi! cria Karl en attrapant le gars par le colback et approchant son visage vers celui du gars. Qu'est-ce que tu lui as fait!?
- Rien mec! Je lui ai rien fait à ta nana, je voulais lui demander si elle avait du feu et...
- Dégage! Dégage de ma vue si tu tiens un tant soi peu à ton visage! le menaça Karl.
Et il relâcha le gars qui s'était étalé au sol et qui faisait du quatre pattes pour détaler comme un lapin. Puis Karl s'accroupit à côté de moi et me redressa en me soutenant sous les bras, il avait retrouvé un visage doux face à moi.
- Mary, est-ce que ça va?
- Oui, je suis désolée. répondis-je en me détachant de ses bras, gênée.
- Ne t'éloigne plus de moi, viens là. dit-il en me faisant signe de revenir. Tu n'as plus de force dans les jambes pour te soutenir seule.
- Mais si, je t'assure que... fis-je en avançant avant de m'effondrer dans les bras de Karl, encore tremblante.
- Laisse-moi te porter. m'ordonna-t-il d'un ton ferme mais tendre à la fois.
Je fondis en larmes ENCORE, j'en avais marre de pleurer, j'avais l'impression de ne faire que ça depuis que j'avais rencontrer Karl, c'est vrai quoi je pensais qu'avec tout ce que j'avais pleurer mais glandes lacrymales me laisseraient tranquilles le temps de se remettre. De plus j'en pouvais plus de cette faiblesse. Quand nous fûmes arrivés au parc et qu'il nous installa sur un banc isolé de la vue des passants.
- J'ai...vraiment eu peur. craquai-je.
- Oh, mon...Mary je suis si désolé.
Il m'étreignit et à ma plus grande surprise je répondis à son étreinte, je le serrais désespérément comme si il était ma bouée de sauvetage, je m'accrochais à lui comme on s'accroche à la vie.
- Je crois que ça va être de plus en plus compliqué pour moi. marmonna-t-il.
- Quoi? m'affolai-je.
- Ça va vraiment poser un problème.
- Karl, qu'est-ce que...
- Chut. Ne te fais pas de soucis ma...dit-il mais il s'interrompit avant la fin.
- Mais comment veux-tu que je ne me fasse pas de souci quand tu dis que tu as un problème? C'est quoi ton problème?
- Tu le sais Mary. répondit-il d'une voix basse.
- C'est moi ton problème, n'est-ce pas? demandai-je anxieuse.
- Oui.
La réponse était tombée comme un couperet et ça faisait mal, vraiment mal.
- Je comprends, je ne t'importunerai plus. dis-je d'une voix blanche en me desserrant de lui et en tentant de me mettre sur mes pieds.
- Non! Attends, tu n'as pas compris ce que je voulais dire. déclara-t-il.
- Si, je pense qu'il est clair que je t'empoisonne la vie avec mes histoires, ne t'inquiète pas je comprends tout à fait, même moi je ne me supporte plus. débitai-je avant qu'il n'est le temps de m'interrompre. C'est vrai, je ne fais que de pleurer ces temps-ci, je suis faible, toi qui aime les filles qui ont du caractère et qui sont fortes tu n'es pas tombé sur la bonne. Je suis vraiment désolée.
- Mary! Ça suffit maintenant! Tais-toi et écoute ce que j'ai à te dire bon sang!!! s'énerva Karl.
- ...
- En soi ce n'est pas toi le problème, le problème c'est moi avec toi.
- Quoi? dis-je dans l'incompréhension totale.
- Bon voilà, lorsque je t'ai vu la première fois j'ai cru que tu étais comme toutes les filles que j'ai connu auparavant.
- Tu veux dire comme toutes les petites copines que tu as eu avant? questionnai-je.
- Oui, j'ai eu des tas de petites amies, elles étaient toutes très belles et je les aimais, du moins c'est ce que je pensais mais maintenant je sais que je ne les ai jamais réellement aimé. Ça n'a jamais duré très longtemps, elles m'ont toutes quittées après avoir rencontré Marwan.
- Le chef de ton gang. dis-je.
- Oui,comment...
- Ellen, évidemment. répondis-je avant qu'il ne pose la question.
- Oui, évidemment. Bon apparemment Marwan leur faisait diverses propositions pour les tester et selon leurs réponses eh ben...
- Et quelles propositions? demandai-je curieuse.
- Eh bien, il faisait des avances pour voir si elles étaient capables de me tromper, il leur racontait des histoires horribles à mon sujet, fausses évidemment, pour voir si elles le croiraient et fuiraient, ou me défendraient, c'était pour tester leur confiance en moi, enfin etc...Il les piégeait toutes à ces testes et au bout du compte je réalisais qu'aucune des filles ne m'aimaient réellement. expliqua-t-il.
En tout cas, tout cela expliquait ce qu'avait pu me dire Ellen à propos de sa trentaine de petites amies, tout devenait plus clair.
- Est-ce que tu comprends maintenant ce que je peux ressentir? m'interrogea-t-il.
- Tu devais te sentir seul. dis-je compatissante.
- Je te parle de toi, Mary, comprends-tu ce que je peux ressentir pour toi?
- Pas vraiment. avouai-je.
- Lorsque tu m'as mis cette gifle, j'ai tout de suite su que tu n'étais pas comme toutes les autres, les autres ne sont pas venu me voir avant de me quitter, elles n'ont pas cherché à comprendre, elles ne se sont pas confrontées à moi. Toi, tu m'as tenu tête et dans un premier temps c'est ce qui m'a séduit chez toi, c'est ce qui m'a poussé à vouloir te connaître davantage. Ta force de caractère m'a complètement séduit.
- Et maintenant que tu vois que je ne suis qu'une faible fille, que je ne suis comme toutes les autres tu es déçu. continuai-je la tête basse.
- Tu ne comprends pas. dit-il en se tenant l'arrête du nez comme s'il avait la migraine.
- Mais arrête de dire que je ne comprends pas! m'énervai-je. Tu n'as qu'à être plus clair!
- Plus clair? D'accord, je me retiens depuis assez longtemps maintenant. dit-il.
Brusquement Karl s'approcha de mon visage, il glissa sa main derrière ma nuque et m'attira encore plus près de lui et m'embrassa. Ses doigts fourrageaient dans mes cheveux et il me collait à lui d'une force, tout mon corps était collé au sien, j'étais devenue sa bouée. Il continuait de m'embrasser encore et encore jusqu'à ce que nous n'ayons plus d'oxygène. Je ne réalisai pas encore ce qui venait de se produire, étrangement ça me paraissait tellement naturel qu'il m'embrasse que...
- Alors? Toujours pas assez clair?
- Heu... si c'était clair. répondis-je dans un état second.
- Et au risque de me répété, je veux que tu saches que je t'aime. Je t'aime au point que ça m'en est douloureux, surtout que je sais que pour toi il en est tout autre, c'est ça mon problème.
- Non.
- Comment ça « non »?
- Non, ce n'est pas vrai, moi aussi... je crois que je t'aime. dis-je.
Ce n'était pas la plus belle déclaration du monde mais c'est tout ce dont j'étais capable de dire pour l'instant, la seule chose que je voulais encore c'était ses lèvres sur les miennes. Il embrassa mon front, ma paupière gauche, puis ma joue, il posa un baiser chaste à la commissure de mes lèvres me regarda et me souri. Cette journée infernale s'acheva, moi enroulée dans les bras de Karl, elle s'acheva avec le goût de Karl sur ma bouche, elle s'acheva avec ma main dans la sienne, elle s'acheva avec lui à mes côtés.